Christian Beslu était membre de la Société des études océaniennes — un de ses membres exemplaires, discrets, actifs, efficaces, lui « toujours prêt » à proposer un thème ou un article pour enrichir le Bulletin, à donner un coup de main lors des expositions ou des salons, et toujours présent lors des réunions.
Sa curiosité était immense, elle touchait à tout, semblable à son goût pour la collection — un mot d’origine indo-européenne *leg– qui signifie recueillir, choisir, rassembler — à la manière de Beslu… reconnue, enviée et admirée par tous.
En témoigne l’éclectisme de ses textes publiés par le Bulletin de la SEO, l’archéologie, les timbres, la monnaie, le CEP…
Sa bonhomie et sa bonne humeur étaient colorées d’ironie, de gentillesse, de respect et de courage : les deux portraits qu’il nous a laissés, ceux de Bob Putigny, le créateur du Musée de la découverte à la pointe Vénus, et celui de son ami Rémy Carbayol, en sont la preuve.
Christian Beslu était un extraordinaire dénicheur de textes inédits et maritimes, simple témoignage d’un simple marin, ou rapport officiel d’une campagne en Océanie. Il est aussi à l’origine d’un ouvrage imprimé en 2006 à Singapour pour le compte de la SEO « Naufrage à Okaro, la fabuleuse et tragique épopée de la corvette Alcmène » fort bien illustré.
Deux thèmes lui tenaient pourtant à cœur : celui de l’abbé Rougier et de son empire (et de ses timbres) à Christmas (n’était-il pas à l’origine de la publication des Cahiers de Berthe Rougier et de la description d’une vie quotidienne à Pape’ete bouleversée par la grippe espagnole ?) et celui de ces îles des Tuāmotu transformées par deux aventures humaines et industrielles du XXe siècle, Makatea et Moruroa.
Le nom de Christian Beslu sera longtemps associé à ses deux ouvrages philatéliques majeurs, « La philatélie à Tahiti » (tome I en 1981 à Publico Éditions, tome II en 2008 au Vent des îles) et à un incident diplomatico-philatélique avec le Chili pour un timbre à 59 F de la première série du « Monde māohi – Triangle polynésien » où figuraient une carte de l’île de Pâques et la gravure ancienne d’un Pascuan ; émis en mars 1990, le timbre a dû être retiré de la vente en septembre 1991 puis même détruit à la suite d’une plainte du gouvernement chilien !
Mais le nom de Beslu sera aussi durablement lié à sa « Tranche de vie à Moruroa » publiée en 2003 par la SEO en co-édition avec le Motu. Il s’agit, en fait, de la vie quotidienne à Moruroa : comme le rappelle la quatrième de couverture, « Christian Beslu, documentaliste technique à la Compagnie Thomson-CSF puis au CEA, a travaillé sur les sites nucléaires de 1966 à 1992. Il nous fait partager avec des mots simples et vrais une expérience peu commune, une aventure humaine où se côtoient militaires et civils, Polynésiens et Métropolitains. Avec humour et précision, curieux de nature et observateur très libre, [il] détaille la vie quotidienne à Moruroa : le travail, les loisirs, les rapports avec la hiérarchie, les visites officielles ou non, les campagnes des écologistes, la grève des dockers et jusqu’au démantèlement qu’il a alors suivi en tant que journaliste [de Tahiti-Pacifique]. »
La SEO a toujours été le lieu privilégié pour rencontrer des personnes exceptionnelles et différentes, pour réaliser avec elles des expositions ou des ouvrages à partager avec un public plus vaste encore : nous avons été heureux de pouvoir travailler avec Christian Beslu à la SEO !
Robert Koenig