SOMMAIREAvant propos ………………………. p. 4 Erratum …………………………….. p. 7
‘Ia ora te ‘Ura !Vive le ‘Ura ! ‘Ura, un très bel oiseau endémique de Rimatara menacé Fasan Chong dit Jean Kape …… p. 10 Suivi de La légende du ‘ura ……. p. 34
Après une quête longue et tâtonnante de la personnalité juridique dans des missions, les décrets Mandel (1939) Joseph Leport ……………………. p. 36
Un siècle de franc-maçonnerie à Tahiti 1842-1940 : implantation, chroniques et portraits. Gérald Tulasne ………………….. p. 95
L’archipel des iles Gambier : Statut de 1834 à 1882 Michel Bailleul …………………… p. 147 Le pamplemousse Dr Ehrardt ………………………… p. 154
Pierre Vérin ……………………….. p. 159
Bilan Moral 2009 ……………….. p. 162
Compte de trésorerie 2009 ……. p. 166 Budget prévisionnel 2010 ……… p. 167 Résolutions de l’Assemblée générale …………………………………………. p. 168
Arrêté du conseil des ministres du 4 août 2010 …………………….. p. 169 Arrêté et convention du 3 août 1990 ……………………………………p. 170 |
Avant-propos
Chers lecteurs,
Entrons dans ce bulletin avec le ‘Ura (Vini kuhlii) ou Lori de Kuhl, un très bel oiseau endémique de Rimatara, menacé de disparition et présenté par notre vice-président Jean Kape. Cette minutieuse description est suivie de deux légendes.
Lors de la présentation à la presse du n°318, votre comité de lecture s’est proposé de promouvoir une vision polynésienne de l’Histoire. Gageure ? Sans nul doute comme le rappelle J.-M. Régnault dans sa contribution à l’Hommage à Hugo Neira (1) où nous retiendrons sa citation de Milan Hübl suivie de ses quatre premières phrases.
« Pour liquider les peuples, on commence par leur enlever la mémoire.
On détruit leur culture, leur histoire. Puis quelqu’un d’autre leur donne une autre culture, leur invente une autre histoire.
Ensuite, le peuple commence lentement à oublier ce qu’il est, et ce qu’il était. Et le monde autour de lui l’oublie encore plus vite. » (Milan Hübl)
Il n’est guère possible de se pencher sur l’histoire des terres françaises d’Océanie sans penser immédiatement aux travaux de Nathan Wachtel (2).
« L’Histoire des peuples sans écriture a forcément été écrite par les vainqueurs de ces peuples. Le phénomène s’aggrave lorsqu’au contact de l’écriture, des peuples se laissent persuader qu’il leur faut très vite oublier leur passé. Il s’aggrave encore lorsque ces peuples éprouvent une sorte de peur panique envers l’écriture ou qu’il leur faut vaincre l’épreuve de l’écrit. » J-M Régnault.
Cette « peur panique » devant l’écriture existe en effet chez les insulaires, accompagnée de sentiments de frustration et de rejet de la parole d’autrui sur leur réalité qu’ils ont tant de mal à dire. Est ce dû à l’existence d’un conflit de loyauté ? (ancêtres diabolisés ?/ sauveurs ?) Pourtant, les premiers navigateurs et missionnaires ont dû leur survie aux ancêtres insulaires et non l’inverse. Et qu’est ce qu’ils ont pu se haïr les uns les autres au nom du Dieu d’Amour ou du progrès de l’humanité ! Ils ont aussi converti à leurs inimitiés historiques ou de circonstances … Et chacun continue à défendre sa version de l’Histoire. Les descendants d’autochtones devraient sans doute s’en inspirer pour s’autoriser enfin à participer au débat.
Votre comité de lecture a retenu des articles traitant de réalités franco-françaises sinon européano-européennes conflictuelles importées avant le Protectorat, se poursuivant en les Etablissements français de l’Océanie puis en la Polynésie française où elles s’apaisent tout en conservant des effets rémanents.
Le récit de La Longue attente des Décrets Mandel de Joseph Le Port, frère enseignant catholique, est un texte militant témoignant d’une souffrance si actuelle du « traumatisme » causé par la Révolution française, que je l’ai interrogé sur ses origines. « Mes ancêtres sont des Chouans » fut sa réponse. Mais alors, s’il est normal de lui reconnaître la persistance d’une souffrance née d’une violence perpétrée il y a 230 ans, pourquoi n’en serait il pas de même pour les insulaires dont la destruction du monde remonte au même nombre d’années ? Découvrons son récit auquel il vous appartient, cher lecteur, de réagir pour enrichir la pensée.
L’histoire de la franc-maçonnerie à Tahiti par Gérard Tulasne raconte une autre aventure d’Européens résidents provisoires ou permanents à Tahiti, habités par des valeurs de dévouement au « progrès de l’humanité » fondées sur des principes laïques. L’extrait présenté ici de son DEA consultable à l’Université ou à la SEO, rappelle son rôle déterminant dans l’organisation de la vie sociale à Tahiti ainsi que dans la fondation de la Société des Etudes Océaniennes.
Suite à l’envoi par Jacques Sauvage de la photocopie d’une lettre manuscrite d’une page datée de « Paris le 16 juillet 1844 », adressée à Monsieur le Gouverneur et signée du Baron de Mackau Ministre Secrétaire d’Etat de la Marine et des Colonies, Michel Bailleul présente une petite chronologie de l’évolution du statut de l’archipel des Gambier.
Découvrons ensemble l’article du Dr Ehrardt sur le pamplemousse avant de nous souvenir du professeur Pierre Vérin qui vient de nous quitter.
Nous terminerons par les bilans moral et financier, le budget prévisionnel ainsi que les résolutions de notre Assemblée générale et de notre Conseil d’administration.
Enfin, nous prendrons connaissance de l’arrêté 1331/CM du 04 août 2010 abrogeant l’arrêté du 31 décembre 1921 confiant à la SEO l’administration de la Bibliothèque et du Musée de Papeete. En son article 2 il est précisé que les collections du Musée de Papeete seront affectées, pour conservation et présentation au public, au profit du Musée de Tahiti et des îles Te Fare Manaha..
L’arrêté n° 807 du 3 août 1990 approuvant la convention de mise à disposition de locaux au bénéfice de la SEO pour y entreposer « son patrimoine documentaire et livresque … sa bibliothèque … » est reproduit pour mémoire à la suite ainsi que ladite convention.
Bonne lecture
SIMONE GRAND
1 « Poma et Garcilaso : la vision des vaincus revisitée », in L’Amérique hispanique et le Pacifique, Hommage à Hugo Neira, Karthala, Paris, 2005, pp. 105 à 124.
2 Wachtel N., La vision des vaincus. Les indiens du Pérou devant la conquête espagnole, 1971, Gallimard.
« Pensée sauvage et acculturation. L’espace et le temps chez Felipe Guaman Poma de Ayala et l’Inca Garcilaso de la Vega », Annales ESC, mai juin 1971, nー3, p. 793 à 840.
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