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SOMMAIRE
Avant propos Légendes de migrations Taaki, l’homme le plus heureux Teiti a Toakau Eléments sur l’histoire Approche de la démographie Rouru, succès et limites Un rapport du docteur Cassiau, Rikitea: Deux dernières décennies Les Gambier, un archipel à la Comptes rendu de lecture et Bilan moral et financier, |
Avant‑Propos
Chers membres de la Société des Études Océaniennes, chers lecteurs,
Ce premier bulletin de l’année est en retard, veuillez nous en excuser.
Il est double et concerne surtout l’archipel des Gambier.
Sont reproduites avec corrections, des légendes parues dans de tous premiers bulletins. Leur lecture ayant interpellé, en particulier celle de Maviku avec son bouc magique, son poulailler misérable près d’un palais somptueux …, seules deux légendes d’Alexis Massainoff, traduites du russe en français par Marie Zakrevsky, furent retenues. Je me suis permise d’en corriger la syntaxe ; ai remplacé « idole » par « tiki », « roi » par « akariki » ; ai replacé les émotions dans les entrailles alors qu’elles avaient migré dans le cœur … tout en laissant des flèches s’abattre sur les tiki de Rapa nui, même s’il n’est fait référence à aucun arc.
Vous trouverez aussi la légende de Teiti a Toakau dont la fin est quelque peu confuse. Recueillie en 1926 par le capitaine Brisson, elle semble authentique.
Nous prendrons connaissance d’éléments archéologiques grâce à Eric Conte et Patrick Kirch avant de passer à la période missionnaire.Nous suivrons deux analyses de Laurent Burel : l’une sur la démographie des Gambier et l’autre sur le couvent de Rouru où il nous propose un éclairage sur cette période controversée.
Ensuite, nous prêterons attention à des documents administratifs introduits par Michel Bailleul. Il s’agit du courrier où le gouverneur transmet en 1904, au Ministre des colonies, un rapport du docteur Cassiau’ administrateur des îles Gambier’ décrivant les relations tendues avec les missionnaires catholiques de Mangareva. Il n’est pourtant pas si éloigné (60 ans), le temps où le maintien de la présence des pionniers (Laval et Caret) de cette même mission fut un des éléments pesant dans la décision du gouvernement de la France d’intervenir et d’asseoir sa présence à Tahiti (1).
Dans son étude sur l’école missionnaire, le Frère Leport souligne l’importation sous nos latitude de « la guerre des deux France » opposant catholiques et anticléricaux.
Car telle est l’histoire de nos îles qui, vue de l’intérieur, peut s’apparenter à une suite de déferlements de tour à tour et/ou en même temps : maladies dévastatrices introduites, « découvreurs », trafiquants, missionnaires chrétiens rivaux mais tous également persuadés de leur supériorité sur les insulaires à sauver du démon ; représentants du pouvoir colonial républicain, convaincus de la nécessité de les sauver de tous les obscurantismes y compris chrétien ; escouades de guerriers de l’atome cocardier inaugurant non sans brutalité l’ère de la société de consommation ; exploitants perlicoles brandissant la prospérité économique en banière salvatrice de la pauvreté, …
Ces idéologies ont mobilisé et continuent à agiter des humains y prenant successivement ou concomitamment le pouvoir, tous déclarant agir pour le bien d’une population qui ne leur avait rien demandé dans un espace géographique restreint où la vie continue au milieu d’une végétation que Jean François Butaud nous invite à découvrir,
« … dégradée et secondarisée, les différentes îles ne présentant essentiellement que des zones herbacées régulièrement brûlées et des plantations forestières récentes. La flore indigène de 97 espèces, qui s’amenuise continuellement avec 9 espèces présumées éteintes, y est très largement surpassée par près de 500 espèces introduites dont plus d’une dizaine d’espèces menaçant la biodiversité. »
Pour clore le chapitre « Gambier », il vous est proposé un commentaire de lecture de : Mangareva de Jean Hugues Lime et Mangareva akaereere de Lucas Paeamara.
L’ensemble de ces écrits pourrait participer à une réflexion sur la manière de gérer les traces (ruines et cicatrices, verrues et béances) laissées par les différentes vagues d’activités humaines toujours triomphantes en leurs débuts, que les cyclones et tsunamis, voire la seule usure du temps, amènent à observer sous d’autres angles. A un moment où la Terre est parfois comparée à une île, les expériences vécues à Mangareva invitent à penser.
Bien que paraissant concerner un registre différent, les commentaires de Michel Bailleul sur le Compact Disc Le beau temps des colonies et en particulier la chanson « Une fleur sur l’oreille », illustrent certaines obsessions de la société occidentale.
Ensuite, nous nous laisserons guider par Jean Guiart dans ses commentaires de deux ouvrages.
En fin de bulletin, vous trouverez les bilans, le projet de budget et les résolutions, tous approuvés par notre Assemblée générale du 28 mai 2009.
Bonne lecture,
Simone Grand
P.S. Souvenons nous du BSEO N° 296 297 paru en 2003 consacré à Léon Gaston Seurat qui a installé le 2 mai 1902 son « laboratoire de zoologie de Rikitea ». Il y décrit les écosystèmes, la faune tout en s’intéressant aux marae, aux langues, aux outils et aux moeurs des Pa’umotu et Ma’areva.
(1) P.Y. Toulellan : 1982, Colons français en Polynésie orientale 1830 1914 (p.1172) in BSEO n° 221.
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