Chers amis membres de la Société des Etudes Océaniennes, chers lecteurs. Votre comité de lecture a sélectionné pour le premier numéro de l’année 2008 deux articles importants consacrés à Rurutu.
Le premier, de Yannick Fer et Gwendoline Malogne-Fer, traite de la dynamique des lieux et du développement touristique entre pays et paysages. C’est le produit d’une enquête de terrain nous révélant des freins et ressorts au développement dans une communauté insulaire de l’archipel des Australes.
Le second est de Bruno Saura qui interroge les généalogies de Teuruarii de Rurutu. La généalogie est souvent perçue comme une façon de raconter l’histoire du groupe. En fait il s’agit peut-être d’un objet mémoriel, cette sorte d’objet où l’on entretient la mémoire, telle une natte où l’on croise et recroise les lanières de pandanus, natte ornementée parfois au gré de l’inspiration de l’artiste.
Sans vraiment quitter Rurutu, nous nous intéressons au Pupu, groupe, élément si essentiel dans la vie de la société polynésienne là où sa culture arrive à garder la préséance. Jean‑Marc Pambrun nous en propose plusieurs décodages.
Nous poursuivons avec The Dancing Cannibal d’Yves de Peretti, reprenant le titre du roman de Mildred Luber sur la vie de son amie Anna Chevalier, la Reri de Tabou . C’est ainsi que nous sont révélés certains des masques portés par des cinéastes tels que Murnau et Mankiewicz.
Enfin, nous terminons par le récit du tour de l’île de Tahiti en chaloupe espagnole en 1772, grâce à Liou Tumahai qui l’a traduit pour nous.
Ce numéro est aussi une occasion de préparer avec vous la prochaine Assemblée générale qui aura lieu le 29 mai à 16 h 30 dans la salle de réunion du Service des Archives. Outre les bilans moral et financier ainsi que le projet de budget, il sera question du statut juridique des objets confiés par nos devanciers au Musée de Tahiti et des Îles.
Pour l’heure ces objets « nous » appartiennent. En clair, ils n’appartiennent pas au Musée et par conséquent en toute logique juridique, s’ils peuvent faire l’objet d’un gardiennage et d’un dépôt conservatoire, ils ne peuvent faire l’objet de dépenses par le Musée sur « ses » crédits, pour la restauration par exemple. Son statut le lui interdit. Si cela a quand même pu se faire jusqu’à présent, cela pourrait poser un réel problème. Aussi, Jean‑-Marc Pambrun le directeur et Véronique Mu le conservateur du Musée de Tahiti et des Îles sont venus poser ce problème à notre conseil d’administration.
Nos prédécesseurs ont acquis et / ou reçus ces objets au nom de la SEO, pour la collectivité. Dorénavant, il semble logique que les objets deviennent la « propriété » du Musée. L’insistance de nos instances à vouloir rester « propriétaire » était soutenue par l’idée que la SEO étant animée par des personnes totalement indépendantes du politique, il lui était plus facile de soutenir l’inaliénabilité des objets qu’un agent aussi scrupuleux soit-‑il mais dépendant pour son emploi du bon vouloir des politiques.
Le directeur et le conservateur nous ont proposé plusieurs hypothèses dont celle d’une étape intermédiaire consistant en une convention de mise en dépôt annonçant à moyen terme, la cession définitive de ces objets du patrimoine polynésien. Aussi, est-‑il essentiel qu’un grand nombre d’entre vous soit présent pour cette décision importante.
En attendant, je vous souhaite Bonne lecture.
Simone Grand