BSEO N° 309, Avril 2007
SommaireAvant‑propos BSEO N° 1 L’introduction du Code Civil en Polynésie française Un récit sur l’immigration chinoise en Polynésie française Attitude et intégration sociale des métropolitains expatriés à Tahiti La consommation des algues en Polynésie française, |
Avant‑propos
Chers amis,
Pour sa quatre‑vingt‑dixième année d’existence, souhaitons « Bon anniversaire » à La Société des Etudes Océaniennes. Quatre‑vingt dix ans, c’est un bel âge pour une association née sous le timbre de « Société savante » au début du XXème siècle.
Durant ces années, les bureaux successifs ont assuré la parution de notre Bulletin dont nous avons le plaisir de vous restituer le premier numéro. On peut y lire la liste des membres fondateurs, majoritairement métropolitains européens dont beaucoup ont fait souche. S’ils pouvaient nous voir, ils seraient sans doute fort surpris que certains de leurs descendants se revendiquent Ma’ohi avec tant de passion.
La création de notre société eut lieu durant cette période où, pour prouver qu’ils n’étaient plus les idolâtres qu’ils n’ont d’ailleurs jamais été, les Indigènes étaient encore sommés de détruire leurs objets sacrés tant matériels qu’immatériels. Cette destruction fit se rallier au gouverneur Julien, des Européens et quelques Demis, tous notables, pour fonder la Société des Etudes Océaniennes. Ils ont sauvegardé, recueilli, rassemblé, conservé, partagé et transmis ce qu’ils ont pu de ce patrimoine culturel saccagé au nom du dieu unique et dispersé au gré des voyageurs férus d’humanité autre.
Les objets sont désormais confiés au Musée de Tahiti et des Îles qui poursuit l’oeuvre de sauvegarde et de mise à disposition de ce patrimoine au public en exposant une partie de ces objets recueillis par la SEO et qui constituent 80% des objets sous sa garde.
La SEO a continué à gérer ses livres entreposés au service des archives par l’intermédiaire de qui l’Etat a mis à notre disposition un de ses agents CEAPF en la personne de Hilda Picard dans un local concédé par le Pays. Depuis 27 ans, Hilda gère nos bulletins d’hier et d’aujourd’hui ainsi que notre bibliothèque pour les chercheurs de tous ordres : universitaires, journalistes, écrivains, descendants d’indigènes et de colons en quête de précisions sur leurs origines, simples curieux… Elle a terminé ce travail au service de notre patrimoine le 30 mars de cette année 2007.
Sa compétence aimable et enjouée nous manquera. Et comme nous n’avons pu « scanner » ce que contient sa précieuse mémoire sur les péripéties de la vie de notre Société, nous nous sentons quelque peu abandonnés et appauvris. Elle m’a confié souhaiter revenir de temps à autre travailler avec nous, comme ça, pour le plaisir. Souhaitons que les jours où elle le décidera, le trajet Papara ‑ Papeete ‑ Papara ne soit pas un chemin d’agacements éteignoirs de bonne humeur. Tant il est vrai que de nombreuses bonnes volontés s’effritent dans les embouteillages et finissent par privilégier la sérénité d’un chez soi, même un peu solitaire, à l’absurdité de nos cohues routières.
Nous recrutons un (e) secrétaire comptable à temps partiel au moins trois fois trois heures par semaine de 9h à midi les lundi, mercredi, vendredi. Elle s’occupera essentiellement de gérer nos bulletins et nos quelques parutions autres comme les dictionnaires (le dernier étant le Dordillon) et les livres comme Naufrage à Okaro. Des membres du bureau ont envisagé d’y être présent les mardi et jeudi ainsi que les autres jours. La bibliothèque sera désormais fermée au public. Tout au moins durant un certain temps.
Pour ce numéro commémoratif, votre comité de lecture a sélectionné quatre articles paraissant indépendants les uns des autres au premier abord. Or, en rédigeant le présent avant‑propos, curieusement dans les trois premiers, se dessinent les contours des fondations de la société polynésienne d’aujourd’hui.
Eric Moana Duval nous initie aux notions de propriété relative et de propriété absolue. Il dévoile les enjeux de l’introduction du Code civil en Polynésie française. Il donne à penser sur la manière dont se partagent dorénavant le foncier et l’espace vite En tous les cas, le Code civil permit aux colons de s’installer et de devenir propriétaires.
Le regretté André Shan nous livre les récits transmis dans la communauté chinoise sur son immigration en Polynésie française qu’il nomme « colonisation ». Car c’en est bien une et comme telle, elle disqualifie les colonisés « indolents… paresseux… » Quand on sait qu’à l’arrivée des colons blancs et chinois, la population indigène n’était plus composée que de survivants d’une catastrophe humanitaire, de convalescents d’un désastre sanitaire !… Mais dans la lutte pour la vie, c’est souvent chacun pour soi. Et quand les vestiges d’une population initiale désespèrent, les nouveaux venus affairés prospèrent sous des lois nouvelles,
Avec Laura Schuft, entendons les voix des modèles types de fonctionnaires expatriés : le patriote amer, le fier intégré et le laissez-faire fataliste. C’est une ouverture hélas vite fermée car son professeur d’université lui a demandé de changer de sujet. Aussi, ce travail est‑il d’autant plus précieux. Espérons qu’il sera repris et poursuivi.
Claude Payri et Eric Conte, nous font découvrir les algues qui furent et sont encore, consommées aux Marquises et aux Australes.
Le 16 mai 2007, se tiendra notre Assemblée générale de renouvellement de notre Conseil d’administration qui devra impérativement être composé de personnes disponibles au moins quelques trois heures par quinzaine. Il n’est plus acceptable que les toujours absents, postulent à nouveau pour bloquer des postes, alourdissant la charge des dévoués permanents qu’ont été durant cette mandature : Constant Guéhennec, Yves Babin, Moetu Coulon, Robert Koenig, Pierre Romain, Jean Kape et, quand elle le pouvait, Eliane Noble‑Demay. Un conseil d’administration avec des membres fantômes est un luxe que le départ à la retraite de Hilda nous interdit dorénavant.
Des formulaires de procuration sont contenus dans le présent bulletin. Je vous saurais gré de bien vouloir ne pas systématiquement donner votre pouvoir à votre présidente qui ne peut en porter que deux. Merci de laisser le nom du bénéficiaire en blanc.
Avant de vous souhaiter « Bonne lecture », ayons une pensée amicale pour deux de nos amis qui viennent de nous quitter.
L’archéologue, Professeur José Garanger joua un rôle déterminant dans la compréhension des sociétés océaniennes. Ceci en conjuguant « les méthodes de » l’ethnologie du présent et du passé » … et « Au‑delà d’une collaboration féconde avec les ethnologues, José Garanger a développé en Océanie les principes d’une ‘ethnologie préhistorique‘ telle qu’elle était pratiquée en France par André Leroi-Gourhan »… Venu à l’archéologie océanienne à un moment de complète mutation des données scientifiques, José Garanger est devenu par les méthodes qu’il a mises en oeuvre l’un des acteurs essentiels du renouvellement des connaissances. » (Extrait de l’avant‑propos de Mémoire de pierre, mémoire d’homme‑ Tradition et archéologie en Océanie ‑ Hommage à José Garanger. Publications de la Sorbonne (1996) 467p.)
Lors du Salon du Livre à Paris en mars 2006, Jean‑Jo Scemla a renouvelé son adhésion à la SEO. Homme de lettres discret et sensible, exigeant envers lui‑même et bienveillant envers les autres, il est revenu à plusieurs reprises durant ces journées partager quelques moments avec nous, échanger des propos sur la littérature et sur la vie tout simplement. Il a aimé la Polynésie française où nous l’avons apprécié. Il était élégance.
Leur souvenir demeure.
La présidente
Simone Grand
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